Aloys-Joseph-Eugène Arnaud

 

 

Armes : d’or à la montagne de gueules surmontée d’une étoile du même     (de Roquevaire) au chef d’azur chargé du chrisme accosté à dextre de l’alpha et à senestre de l’oméga
Devise : In caelestibus, in Christo. (Eph. I 3)

 

 

Aloys-Joseph-Eugène Arnaud né le 11 septembre 1834 à Roquevaire, décédé le 17 juin 1905 à Brignoles, est un prélat français, évêque de Fréjus et Toulon de 1900 à 1905.

 

Aloys-Joseph-Eugène Arnaud est né à Roquevaire (Bouches-du-Rhône) le 11 septembre 1834 et déclaré par son père Jérôme, serrurier de son état et membre du conseil municipal, sous les noms d’Eugène-Baudile. Confié jeune à l’abbé Brunet, curé de La Ciotat et frère de sa mère, Barbe Brunet, il fit ses études au collège catholique de Marseille et entra naturellement au Grand séminaire ensuite. Il fut ordonné prêtre le 27 juin 1858 par Mgr Eugène de Mazenod. Il fut nommé successivement vicaire aux Aygalades, à Saint-Adrien, à la cathédrale de Marseille puis à Saint-Théodore. En 1867, il devient curé de la Penne, puis de Sainte-Marguerite en 1873. Sa santé altérée par un zèle pastoral sans répit le conduit à prendre un peu de repos pendant lequel il assume les charges d’aumônier des religieuses de l’Espérance et de directeur de l’œuvre de la Sainte Famille. Enfin, on lui confie la paroisse de Cassis qu’il sert pendant deux ans. Déjà chanoine adjoint depuis 1889, il est fait chanoine titulaire en 1897 et assure alors l’aumônerie du pensionnat des religieuses Trinitaires. Il était en outre chanoine honoraire d’Oran et vicaire général honoraire de Mgr Jauffret, évêque de Bayonne, dont il avait partagé la jeunesse à La Ciotat. Depuis 1892, il était membre de la Société de statistique de Marseille qui lui conféra la médaille de vermeil en 1894 pour un travail intitulé Le vénérable chapitre de la cathédrale de Marseille. Il est nommé évêque de Fréjus le 7 décembre 1899 et confirmé par le pape le 14 décembre suivant. C’est Mgr Pierre-Marie Ardin, archevêque de Sens, qui lui donna la consécration épiscopale, assisté de Mgr François Jauffret, évêque de Bayonne et de Mgr Henri Chapon, évêque de Nice, le 18 février 1900 dans la cathédrale de Toulon. Il avait fait prendre possession canonique de son siège de Fréjus le mercredi précédent par le chanoine Joseph Albert Marthé, vicaire général, délégué à cet effet.
Il fit son entrée solennelle à Fréjus le 20 février.
Mgr Arnaud montra tout de suite une grande bonté à l’égard de tous et déploya surtout une activité intense, programmant une première visite pastorale qui lui fit découvrir de nombreuses paroisses d’avril à juin 1900. Il allait, chaque printemps réitérer ces tournées à un rythme soutenu. Au milieu de belles manifestations de foi, c’est l’occasion pour lui de mesurer aussi la montée de l’indifférence et la pauvreté d’un diocèse qui voyait mourir de nombreux prêtres de valeur sans que la relève sacerdotale compense ces disparitions.
Voilà pourquoi il s’attacha à promouvoir les vocations, veilla sur le Petit séminaire de Brignoles et restructura le Grand séminaire de Fréjus pour la rentrée d’octobre 1901, forcé qu’il était de pallier le départ des Oblats de Marie Immaculée qui en assuraient jusqu’alors la direction et que la Loi sur les associations frappait de plein fouet. Le séminaire comptait alors 56 élèves (à l'arrivée des Oblats en 1851, le séminaire comptait une centaine d'élèves. Dans son rapport au Chapitre général de 1879, le provincial du Midi dit qu'en six ans 86 nouveaux séminaristes ont été reçus et qu'il y a eu 72 ordinations. En 1893, il restait encore 60 élèves, malgré une baisse sensible des vocations).
Dans la lettre pastorale du 19 août 1901 qui annonce l'expulsion des Oblats, Mgr Arnaud écrit : «En franchissant le seuil du séminaire de Fréjus qui, pendant cinquante ans, leur fut hospitalier, ceux qui furent préposés à sa direction emportent nos regrets, regrets hélas! qui s'aggravent actuellement de l'incertitude de leurs destinées futures. Ils se retirent emportant l'estime de nos éminents prédécesseurs qui leur continuèrent, avant nous, sous les quatre régimes épiscopaux qui nous ont précédé, une confiance indéfectible, honorant ceux qui en furent l'objet. Ils emportent également la reconnaissance de leurs élèves, qui se souviendront du bienfait de cette formation cléricale qui les rendit dignes de l'important ministère dont la charge leur a été confiée...».
Waldeck-Rousseau, président du Conseil et ministre des Cultes, écrivit à l'évêque le 14 mars 1901 pour dénoncer les religieux qui dirigeaient encore le séminaire, en menaçant de l’intervention du gouvernement qui serait, en l’absence de réaction, «dans l'obligation de reprendre l'immeuble domanial affecté au grand séminaire». L'évêque répondit, le 29 mars en affirmant que le séminaire était dirigé par trois ex-Oblats, sécularisés en 1880, et trois autres jeunes religieux. Il ajoutait: «Pour entrer dans les vues du gouvernement, pour ne pas me jeter dans un embarras inextricable et pour ne pas soulever par un brusque et radical changement trop de récriminations dans le diocèse, je sollicite de votre bienveillance, monsieur le ministre, l'autorisation de conserver dans mon séminaire seulement deux des trois anciens directeurs incorporés et sécularisés depuis 1880. Le concours de ces deux messieurs, vieillis par vingt-cinq ans d'enseignement dans la maison, qui ont d'ailleurs une conduite irréprochable devant l'autorité civile comme devant l'autorité ecclésiastique, et sont considérés comme appartenant à mon clergé par leur inamovibilité depuis un quart de siècle, me sera un élément indispensable pour la fusion du nouveau régime. Je me réserve de leur adjoindre, à la rentrée des cours, des prêtres autant que pourra me le permettre l'extrême pénurie de sujets qui me met dans la pénible nécessité de laisser environ vingt postes sans titulaires...»

C'est ce qui a été fait, approuvé par le gouvernement et annoncé officiellement dans une longue lettre pastorale, signée le 19 août 1901. La direction du séminaire était confiée au clergé diocésain. Les pères Bonnet et Nemoz continuèrent leur enseignement jusqu'en 1906. Les autres Oblats quittèrent le séminaire par décision du gouvernement. L'évêque l'affirmait clairement dans sa lettre pastorale: «Qu'il nous serait agréable de pouvoir encore utiliser l'expérience des pieux et doctes religieux à qui notre vénérable prédécesseur avait confié la direction du séminaire de Fréjus! Des circonstances impérieuses et indépendantes de notre volonté, comme de la leur, ne permettent pas qu'ils nous continuent leur précieux concours. Si nous n'avons pu l'apprécier que peu de temps au milieu de la famille cléricale qui, depuis deux ans, est devenue la nôtre, du moins, nous avons vu, durant de longues années, à l'œuvre, le dévouement de ces maîtres distingués, dans notre diocèse d'origine, à Marseille, ayant eu l'avantage, nous-même, d'être formé par les fils de Mgr de Mazenod, de qui nous reçûmes l'imposition des mains, et qui, avec une bienveillance dont le souvenir ne s'éteindra qu'avec notre vie, avait daigné nous admettre près de sa personne auguste, en nous associant, jeune prêtre, au ministère paroissial dans sa cathédrale...».
Provençal, Mgr Arnaud s’attacha à raviver la foi des populations en promouvant les pèlerinages aux sanctuaires des saints locaux, notamment ceux de Saint-Maximin et de la Sainte-Baume dont les fêtes des 22 et 23 juillet 1900, qu’il voulut présider attirèrent plus de 5000 personnes.
Dans un contexte d’affrontement avec l’État, il salua le Président de la République, Émile Loubet, en visite à Toulon le 10 avril 1901 et fut fait chevalier de la Légion d’honneur en janvier 1902. Comme d’autres communautés, les Chartreux durent quitter le diocèse et abandonnèrent Émile en septembre 1901 : le 30 du même mois, le prieur dom Doreau écrivait sa dernière lettre à l’évêque : « Au moment où Votre Grandeur ouvrira ce pli, les derniers solitaires de Montrieux seront sur le chemin de l’exil... ». Suivirent les Carmélites de Toulon, les Salésiens, les Dominicains qui durent abandonner Saint-Maximin et la Sainte-Baume, les Ursulines de Brignoles et de Saint-Tropez, les Dames de Sainte-Clotilde d’Hyères et près de soixante écoles congréganistes durent fermer leurs portes. Parmi les épisodes douloureux de la laïcisation des hôpitaux de la marine et des hospices civils de Toulon, on cite quelques anecdotes pittoresques comme le retrait chahuté des crucifix opéré en novembre 1901 par la commission des Hospices civils de Toulon, qui ne purent cependant rien faire contre la violence des « filles perdues » qui furent les seules à obtenir leur maintien dans leur salle.
Son travail incessant conjugué aux persécutions minèrent la santé de l’évêque. Au cours de la visite pastorale de 1905, il dut s’aliter au Petit séminaire de Brignoles dans le courant du mois de juin. Le 14 juin, il y reçut les derniers sacrements en présence de toute la communauté et c’est là qu’il rendit le dernier soupir au matin du samedi 17 juin.
Il fut inhumé dans la cathédrale de Fréjus le 23 juin 1905 en présence de l’archevêque d’Aix, dans le caveau situé à droite du chœur, redécouvert au cours de travaux, le 3 décembre 1903, où avait été déposé un temps le corps de Mgr de Castellane.

Ouvrages publiés :
- Notice historique et topographique sur Sainte-Marguerite (1876)
- Nouveau Manuel des enfants de Marie à l'usage des congrégations paroissiales (1884)
- Guide du saint Rosaire
- Précis historique et critique des littératures célèbres anciennes et modernes, depuis leurs origines jusqu'à nos jours (1885)
- La ville de Roquevaire et son église (1891).

 

Inscription funéraire : Hic jacet Aloysius Josephus Eugenius Arnaud episcop. Forojul. Ac Tolon. Obiit XV kalendas julii an. D. MCMV.

 

 

Source: https://www.chapitre-frejus-toulon.fr/index.php/25-les-eveques/les-eveques-de-frejus-et-toulon/113-aloys-joseph-eugene-arnaud-7-decembre-1899-mort-le-17-juin-1905

 

 

 

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